• Les souvenirs ne changent jamais, ils continuent et n'arrêtent jamais de se poursuivre. Les miens se sont arrêtés il y a 10 ans pour une pause, ils sont revenus en force et me détruisent. Pourquoi ne m'ont-ils pas détruis avant ? Pour que je meure en paix ? Je ne sais pas. Les souvenirs, ou plutôt Mes souvenirs sont incompréhensibles. Je me demande parfois comment j'ai fait pour les oublier pendant ma période de convalescence. Normalement ce n'est pas quand on est enfermé qu'on se souvient soudainement de tout ?

    Yoru est reparti il y a dix minutes, une infirmière ayant entendue mon cri, l'as emmener pour soigner la brûlure de ses mains. Je m'en veux tellement de lui avoir fait ça... Ce n’était pas moi qui étais prête à le supplier pour que je puisse l'aider ? Je suis une abrutie. Je voulais l'aider et finalement je lui fais du mal.

    Une femme aux cheveux roses s'affaire autour de moi. Je ne comprends pas. Elle travaille dur, change les draps imprégnés de liquide brûlant, elle balaye le sol et le nettoie, elle ramasse les morceaux de verre brisés, manquant à chaque fois de se couper et elle grade toujours un sourire. Sa robe est blanche, différente des autres infirmières que j'ai pu rencontrer, et j'entends dans le fond de sa gorge se répercuter le doux son d'une mélodie. Je mémorisais le fredonnement que la jeune femme entonnait presque imperceptiblement. Soudainement je lui demande d'une voix fluette :

    -"Pouvez-vous me chanter cette chanson ?

    La jeune femme parait surprise, elle se redresse après avoir jeté les derniers débris de verre et se retourne vers moi en souriant.

    -Bien sûr ! murmure-t-elle en s'asseyant sur le lit, qui émit un grincement sonore horrible.

    Bientôt sa voix résonna dans la pièce en emplissant mes oreilles d'un son parfaitement accordé, la mélodie était douce, apaisante, et les paroles, bien qu'elles soient anglaises me transportais bien plus loin que ce que je m’étais imaginé. Plus rien ne me parvenait. J'avais fait le vide dans ma tête pour enregistrer clairement et avidement le son de sa voix. C'était magnifique, même sans jamais avoir entendue la chanson originelle,  j'imaginais sans peine le son souple d’une guitare. Je fermais les yeux et entendis une deuxième voix se joindre à la première. Je m’étais redressé sur le rebord du lit pour m'asseoir et malgré cette nouvelle voix qui inspirait en moi une nouvelle curiosité je continuais de fermer les yeux. Le son emplissait la salle et la mélodie résonnait autour de moi. La première voix s'éteignit alors. Mais la deuxième plus ferme et en même temps plus douce, repris sans mal. La mélodie s’éreinta lorsque j'ouvris les yeux pour savoir qui était cette voix étrange. Mais il n'y avait personne, juste la jeune femme aux cheveux roses descendants jusque mis-dos, les yeux d'un vert profond, tirant légèrement sur le bleu. Elle arborait une expression admirative en me fixant et elle se mit à applaudir en souriant. 

    - Woaw ! Tu chantes vraiment bien ! s'écria-t-elle.

    - Que ? Moi ? Chanter ? Euh... bredouillais-je.

    Je fixais mes genoux sans fléchir, en réalité je ne comprenais pas ... Comment aurais-je pu connaitre cette chanson ? Et puis pourquoi je ne me suis pas rendue compte que je chantais ? Pourquoi je n'ai pas entendus ma voix s'élever ? Hein ? Pourquoi ?  Brutalement une mélodie me revint. Je pris ma tête entre mes mains en hurlant :

    - " ELLE AUSSI ELLE M'AVAIT PROMIS !!!!!! " le son de ma voix venait du cœur,  de ce qu'il restait de mes sentiments et de mes souvenirs.

    ~Flash Back~

    Le soleil était radieux, ses fins rayons glissaient le long de la nuque d'une petite fille. Elle portait un uniforme rose-rouge, tout comme son amie, assise à côté d'elle. Elle avait les cheveux, noirs, coupés au carré. Quelques minutes auparavant les deux amies s'étaient assises sur un tas de cailloux souvent surnommé "Gargaille". Tous les pensionnaires de l'orphelinat Marie DECHEIVAL éprouvaient une crainte sinistre pour se ramassis de galets polis par le vent. Des serpents ? Ou peut-être de terrifiantes araignées auraient pu se cacher dans les creux du labyrinthe caillouteux. Seules les deux petites filles là savaient que la Gargaille n'avait rien de plus terrifiant  que les latrines féminines. Mais les autres camarades soutenaient que l'endroit était infesté de créature horribles, les plus terrifiantes les unes les autres.

    - "Ils ont juste peur ! Il suffit de leur prouver que rien ne nous arrivera si on y va régulièrement !"

    Avait certifiée la petite fille assise proche de son amie. Celle-ci avait les cheveux bruns attachés en deux couettes. Elle avait les yeux couleur noisette et souriais à pleine dent en jouant avec un petit caillou blanc.

    - "Allez, Galaxix ! Invoquons les démoooons !"Souris la brunette en faisant une terrible grimace à sa camarade aux cheveux noirs qui explosa de rire. 

    - "Et il faut faire quoi pour les invoquer ses TERRIBLES démons ?! S’esclaffa son amie. 

    - Bah faut chanter !"Répondit strictement la brune en imitant la vieille nonne qui s'occupais de l'orphelinat. 

    Les deux fillettes se regardèrent et sourirent, puis d'un même mouvement elles se levèrent et leur voix s'éleva en se mêlant l'une à l'autre. Elles chantaient à l'unisson en souriant et riant à leur guise.

    -"on ne se quittera jamais ! " avait dit la brunette après avoir longuement ris.

     

     

    ~Fin Flash back~ 

     

    Et cette fille était morte, comme les autres. Elle l’avait abandonné. C’est dur, c’est dur d’être la seule à être restée …

    -"Chut … Laisse … c’est oublié …souffla doucement l’infirmière.

     

    A mon plus grand étonnement, la femme aux cheveux roses, me pris dans ses bras. Je n’arrivais toujours pas a intégré dans  mon esprit que j’avais 17 ans. Je perçus donc sa surprise quand je m’accrochai au tissu de la belle robe blanche de l’infirmière. Elle me laissa mettre ma tête sur ses genoux et je sentis sa main caresser mes cheveux en faisant de petits cercles avec lenteur. J’avais encore mes habitudes d’enfant, il me faudra un certain temps avant que je ne puisse parler et agir pareillement aux jeunes de mon âge. La femme aux cheveux roses fredonna la chanson qu’on avait chantée juste auparavant. Je ne saurais dire combien de temps je suis restée sur ses genoux mais je sais qu’à mon réveil j’étais de nouveau emmitouflée dans les draps de mon lit.

     

     


    votre commentaire
  •  

    Vous savez, j'ai toujours eu du mal a m'habituer aux choses... particulièrement aux changements que provoquent les hommes. Imaginez  juste ça ... 

    Ça devait faire quoi ?

    10 ans que je vivais dans cet orphelinat abandonné ?

    Personne ne ma crue lorsque j'ai dis que je ne mangeais pas ni ne buvais. Enfin si ... une personne ma crue, c'est cet Homme ... Pourquoi lui ? Pourquoi me croit-il ? Et pourquoi pas les autres ?

    Je suis assise  dans la chambre d'hôpital que l'on m'a attribuée. Les murs sont clairs et le lit où je suis assise est tellement bas que je sens les vibrations venant de l'étage du dessous me parvenir. Ses nouveaux sons que je découvre, emplissant mes oreilles sans que je ne puisse les oublier, je les enregistres, ils ne quittent plus mon esprit, ils se répercutent contre les parois de ma tête comme les échos de ma pluie.

    -" Monsieur, Les hommes vont encore venir ? demandais-je à haute-voix en réchauffant mes mains sur la tasse de lait chaud que l'Homme venait de me tendre. 

    - Je suppose oui ... dis fillette, je sais que depuis que tu es, là tu ne veux rien dire mais ... quel est ton nom ? 

    - Galaxix, Monsieur. Je m'appelle Galaxix ; et vous ? 

    - Yoru Sairento, répondit l'Homme en souriant. Tu as une idée de l'âge que tu as a présent ?

    - euh... j'ai pas six ans ?" bredouillais-je.

    Franchement non, je ne m'en souviens plus de mon âge... je ne sais même pas exactement combien de temps j'ai été enfermée dans l'orphelinat délabré. Yoru baissa la tête et je vis ses épaules se secouer dans des convulsions régulières. Il va encore cracher du sang ?

    -" Hey ? ça va pas Monsieur ? demandais-je inquiète

    - SI- SIXANS !!!! L'Homme explosa dans un rire sonore, Il était plié en deux et ses épaules ne cessaient de créer ses petits mouvements brusques.

    - Ha ha ha ha ! tu me fais bien rire toi ! six ans ? tu crois vraiment que tu as seulement six ans ?! "

    Yoru se cramponnait à présent à son ventre et son sourire laissait apparaître une dentition parfaite. Son hilarité dura environ cinq minutes avant qu'il ne relève la tête en essuyant une larme qui suintait au coin de son œil. Il arborait toujours un sourire mais son calme était revenu.

    -" Tu as 17 ans ma p'tite. soit deux ans de moins que moi, arrête de m'appeler M'sieur pour rien. " Dit-il en se levant.

    Il se dirigea ensuite vers moi en souriant.

    Je n'arrivais pas a comprendre 17 ans ? Moi ?

    mais ... je ... et Monsi- euh... Yoru n'a que 19 ans ? mais j'était persuadée qu'il était beaucoup plus grand ... raaah ... je comprend plus...plus rien ! 

    L'Homme était parvenu à mes côtés, il leva la main, je ne put m'empêcher de croire qu'il allait me frapper mais... rien. Il ébouriffa mes cheveux, un sourire un peu niais accroché à son visage. Il reprit soudainement son calme et se pencha à ma hauteur -je suis petite en taille, alors n'imaginez pas quand je suis assise sur un lit d'hôpital- son sourire avait disparut et il fixait quelque chose derrière moi ... le mur ? non... 

    -" Je ne te ferais jamais aucun mal Galaxix... murmura le jeune homme en arrêtant le mouvement frénétique de sa main sur mes cheveux.

    Il est sérieux.

    - Merci ... Yoru." soufflais-je.

    Je ne comprend pas ... les secours ont mis autant de temps pour me retrouver ? j'avais 6 ans à l'époque... 11 ans ? enfermée dans un Orphelinat en ruine ? Ils m'avaient promis de revenir ... ces hommes m'avaient promis ... Promis ... 

    - "ILS M'AVAIENT PROMIS ! " hurlais-je à l'agonie.

    Mon corps tremblait et je fixais le mur droit devant moi. Il y a 11 ans, lors de l'arrêt de cette attaque qui a dévaster mon orphelinat, quelques hommes sont venus, ils m'ont dis, qu'ils reviendraient me chercher, Je leur ai souris et j'ai attendu. Ils sont partis. Le lendemain une autre attaque, je n'ai pas réagis, mes jambes ont cédées, mais je suis restée impassible et j'ai attendu dans le coin de la pièce si sombre. Gisant entre les balles usées et les feuilles arrachées. J'ai attendus, j'ai attendus, jamais , jamais, JAMAIS ils ne sont revenus pour me chercher, ils m'avaient promis... je les hais. 

    J'ai vu le sang qui avait glisser le long du mur en répétant le son de ma pluie comme si cet écho ne pouvait disparaître. J'ai vu ce sang sécher jusqu'à ce que le son du sang ne soit plus perceptible. Mais il est resté.

    Il s'est enfermé dans ma tête comme les autres et s'est mis a se répété en boucle dans mon esprit jusqu'à ce que je ne puisse plus contenir ma peine. Lorsque le sang s'est enfin arrêter de couler et que j'ai compris que ses hommes ne viendraient pas me chercher, j'ai entendu ma pluie pour la première fois. Je ne voulait plus penser au liquide chaud qui contaminais mon esprit ce jour là ; et j'ai finit par associer le son du sang a celui de mes larmes... au son de ma pluie. 

    Pourquoi maintenant ? pourquoi ses souvenirs reviennent maintenant ? pourquoi ?!

    - " C'est fini. Arrête de penser à ça. " souffla Yoru.

    Il retenait mes mains, le lait brûlant que je tenait tout à l'heure se déversait contre sa peau, je n'arrive pas a dégager mon regard de ses mains où ruisselait le liquide blanc. A en croire l'expression de l'Homme, il ne souffrait pas. La tasse renversée roulais sur le sol bleu clair en déversant se même liquide laiteux. Je sentais des larmes chaudes s’accumuler au coin de mes yeux en brouillant ma vue. Lentement le jeune homme m'enlaça tandis que ma pluie glissait le long de mes joues en créant les mêmes sillons chauds que la veille. 

     

    -" ne pleure pas. C'est fini. lâcha Yoru en glissant sa main dans mes cheveux. 

    - désoler ... " reniflais-je.


    votre commentaire
  • Le son des premiers pas ...

     

     

    Chaque fois que l'on rentre dans une nouvelle dimension on se sent un peu perdu. Dans la réalité c'est pareil. Mais les gens restent les mêmes, ils sont toujours trop bruyants. Je suis absorbée par le silence... ça fais si longtemps que je suis enfermée dans cette pièce, avec pour seule compagnie, le son de la pluie. 

    Flic...Floc...Flic...Floc...

    Je vis dans un royaume de silence, régnant sur ma solitude comme sur le son imprévisible de la pluie. Je suis la Reine, Reine du silence, Reine de la pluie, Reine de la souffrance. Il lui a fallu à peine un instant pour détruire mon royaume, comme si c'était aussi simple que de souffler sur la poussière accumulée sur le rebord d'une vieille fenêtre délabrée. N'imaginez pas ma stupéfaction, lorsque je l'ai entendu. Il avait les cheveux noirs, ses yeux étaient d'un bleu glacé, si bien que je crus qu'en un seul regard il aurait pu figer ma pluie. Il s'est penché au dessus de moi et j'entendis pour la première fois le son d'une voix.

     

    - " Viens... Viens avec moi ... " a-t-il murmuré.

     

    Je me souviens avoir fermé les yeux, j'ai entendu brusquement le son de la pluie, mais cette fois-ci l'averse ne dura que quelques secondes.

    Flic...Floc...Flic...Floc...

    Lorsque je rouvris les yeux en fixant mes mains, je vis la pluie, glissant le long de mes doigts comme le ferait l'eau. Mais cette pluie est, lourde, chaude, ce n'est pas la pluie de mon royaume. Cette pluie est pourpre, écarlate. Elle m’écœure... c'est... du Sang ... je hais le sang. 

     

    - " Monsieur ? vous avez mal ? ai-je demandé

    - Viens... répondit-il simplement.

    - Je ne peux pas me lever... Monsieur vous avez mal ? 

    - Je ne peux pas avoir mal..." a-t-il dit

     

    L'homme me prit dans ses bras. Je sais que, lui aussi, il souffre. Lentement je pose ma main contre son torse, là où de petites vibrations saccadées me parviennent. Il avance dans l'obscurité, j'entends de nouveaux sons : ses pas sur le sol humide, l'air sifflant à mes oreilles, et ce son si particulier, semblant provenir de loin alors que je le sais plus proche que jamais... Je souris légèrement en sentant ses battements sous sa peau, sa blessure... celle que j'endure aussi. 

     

    - " Monsieur a mal. Votre cœur saigne ... de l'intérieur.

    - Oui petite, mon cœur saigne..."

     

    Je sais Monsieur, je sais mais ... je voudrais tant panser cette blessure dont je souffre moi aussi. J'ai quitté mon royaume de silence grâce a vous ... permettez moi d'effacer la douleur et la souffrance que vous ressentez. Je le pourrais ... si vous ne glaciez pas mon corps. Je m’agrippe plus fortement à l'homme. Soudainement je sens ma pluie retentir sur le sol. Cette pluie que j'ai si longtemps entendue... Je sens ses sillons chauds couler le long de mes joues. Ma pluie, ce son... Je ne veux plus l'entendre. Je ferme les yeux en serrant la chemise du jeune homme entre mes doigts souillés de sang. Un sourire se dessine sur mes lèvres et je souffle :

     

    " Moi aussi, Monsieur, j'ai mal..."

     

    Le son des premiers pas ...

      


    2 commentaires



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires